CLAUDE GIRARD Légende

Un Français à la TWA avec d'énormes responsabilités

( Article publié dans le magazine ICARE en 1966).

 

Il s'appelle Claude Girard. Il a 45 ans. Il est français et on le retrouve à l'aéroport d'Orly dans un bureau confortable et fonctionnel où il occupe les fonctions de Directeur des Opérations Aériennes Région Internationale de TWA. Il est l'un des rares Français à avoir occupé un poste aussi important dans une compagnie aérienne américaine, ou probablement dans n'importe quelle autre grande entreprise américaine en France. Lorsqu'il parle de sa société, il dit "on part de zéro, TWA ne prend rien pour acquis". Par exemple, les nouveaux problèmes et défis auxquels sont confrontées les Opérations Aériennes pour ouvrir les nouvelles lignes Est-Africaines vers Nairobi et Dar es Salaam. Il parle l'anglais américain. Il n'y a aucune prétention chez cet homme fort et ouvert d'esprit - "c'est vrai", admet-il, "j'ai du mal à parler français dans mon travail car seulement la moitié de mes collègues sont français, l'autre moitié sont américains". En tant que Directeur des Opérations Aériennes Région Internationale, Claude Girard couvre la plus grande région de TWA, c'est-à-dire tout le monde en dehors des Etats-Unis où se trouvent les trois autres régions : Pacifique Ouest, Échange Régional et Atlantique.

Ce poste comporte d'énormes responsabilités pour un Français. Son parcours : « J'ai fait un peu de vol avant la guerre, puis pendant l'occupation, avec beaucoup d'autres jeunes Français, j'ai traversé les Pyrénées jusqu'en Espagne où j'ai passé des semaines éprouvantes avant de rejoindre l'Afrique du Nord pour rejoindre le CFPNA (centre américain de formation des équipages). De là, j'ai été envoyé avec beaucoup d'autres aux États-Unis où j'ai intégré le 9e détachement et j'ai eu la consternation de devoir réapprendre à voler. Je suis resté comme instructeur à Turnerfield, en Géorgie, jusqu'en mars 1946. Je voulais devenir élève pilote pour Air France à l'époque, mais les postes étaient rares et dispersés. Air France m'a dit que si j'étais accepté, je devrais recommencer ma formation. Mais j'étais convaincu que je n'avais plus rien à apprendre.

A cette époque, TWA commença à effectuer des vols internationaux et on disait qu'ils pourraient embaucher des pilotes étrangers. Le chef des opérations internationales de TWA m'a dit que même s'il ne pouvait pas encore me promettre un emploi de pilote, il m'a proposé, en attendant, d'accepter un poste au  bureau de répartition des vols à l'aéroport d'Orly,  ce que j'ai fait. Au bout d'un an, j'ai donc été incorporé au Superbursar Flying Dispatch Europe et j'ai eu la chance que Paris-Orly soit la base de TWA pour toutes les opérations internationales. En 1949, pour élargir mon expérience, on m'a affecté au poste d'assistant directeur des services aéroportuaires et la même année, j'ai été envoyé comme représentant de TWA en Suisse après l'ouverture de cette escale en 1950. Six mois plus tard, je suis revenu à Paris.

En 1952, le vice-président Transports, Larry Trimble, réussit à obtenir qu'un DC3 soit basé à Paris et utilisé comme avion de réserve. Il prend Claude Girard comme copilote. « C'est à ce moment-là que j'ai recommencé à voler. En 1957, je suis envoyé à Kansas City pour suivre une formation de pilote et, à mon retour, je suis muté aux opérations aériennes. En 1960, je suis formé sur des avions Boeing et en 1962, lorsque le pilote en chef de TWA basé à l'aéroport d'Orly revient aux États-Unis, je le remplace pendant 2 ans. Puis, en 1964, je suis promu directeur des opérations aériennes pour la région internationale. » Et maintenant ? « Je dois dire que jusqu'à présent, j'ai eu un parcours professionnel particulier. J'ai rencontré quelques difficultés sur mon chemin. Au début, les syndicats de pilotes américains se méfiaient de moi et je dois dire que je comprenais leur ressentiment. Tout le monde se battait pour obtenir un emploi et il y avait beaucoup de concurrence. Au début, ils doutaient aussi de mes capacités techniques, ce qui, je dois l'admettre, s'est rapidement dissipé. Maintenant, tous les contacts sont cordiaux, même avec des personnes que je ne connais pas personnellement. 

« Les rêves sont faits pour tous ceux qui sont passionnés par le transport aérien. »

Merci Monsieur Girard, j'ai été très fier d'avoir fait partie de votre équipe pendant plusieurs décennies. FDO marc brécy.

(Pourquoi ICARE a interviewé Claude Girard ? Parce que ce numéro est consacré à l'aviation américaine, et parce que c'est un homme exceptionnel et qu'il a eu une carrière exceptionnelle. Il est rare de rencontrer un Français de 45 ans qui a fait toute sa carrière dans une entreprise américaine, occupant un poste à responsabilité de responsable des opérations aériennes pour la région internationale dans une compagnie aérienne qui ne prend rien pour acquis... même la nationalité de ses plus hauts dirigeants.)

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